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DIS ALITER VISUM |
Les dieux en ont ordonné autrement. | |
Expression de Virgile (Énéide, livre II, v. 428) dont aucune traduction ne saurait rendre la mélancolie. Cadit et Ripheus justissimus unus ... Dis aliter visum. « Riphée tombe aussi, Riphée le plus juste des Troyens... Les Dieux en ont ordonné autrement. » C'est une phrase elliptique, dont la pensée se complète facilement : Riphée, le plus juste, le plus vertueux des hommes, était digne d'échapper à la ruine de Troie ; les Dieux en avaient ordonné autrement : il meurt. | |
Longtemps j'ai soupiré pour le séjour de Rome, où il me semblait que j'aurais pu m'occuper d'une manière à la fois conforme à mes études, à mes inclinations et à l'intérêt général : Dis aliter visum. Je me console en pensant que je n'ai peut-être pas été inutile ici. Joseph DE MAISTRE |
DISCITE JUSTITIAM MONITI ET NON TEMNERE DIVOS |
Apprenez à connaître la justice et à ne pas mépriser les dieux (VIRGILE, Énéide, liv. VI, v. 620). | |
Phlégias, roi de Béotie, ayant pillé le temple de Delphes, fut précipité par Apollon dans les Enfers, et condamné à répéter sans cesse à haute voix cet avertissement : Discite justitiam..., etc. Un moine du Moyen Age répandit la fable suivante : Le démon, interrogé par un saint personnage, et sommé de déclarer quel était la plus beau vers de Virgile, répondit sans hésiter : Discite justitiam moniti et non temnere divos. Quelques critiques ont trouvé cette belle maxime déplacée dans le Tartare, les malheureux condamnés à des supplices éternels n'ayant plus besoin d'avertissements salutaires puisqu'ils ne peuvent plus en profiter. Scarron dit plaisamment., dans son Virgile travesti : Cette sentence est bonne et belle ; Mais en enfer à quoi sert-elle ? On peut répondre, non au poète burlesque, mais à des critiques plus graves que Virgile écrivait pour les vivants et non pour les morts. Dans toutes les religions, le tableau des peines et des récompenses de l'autre vie est une leçon présentée aux hommes. | |
Voilà près de quarante ans que Babeuf est mort, et son parti est vivant, parce qu'au fond des extravagances mêmes de Babeuf, il y a des vérités qu'aucun gouvernement n'a daigné reconnaître et qui ne mourront jamais. On ne tue pas une vérité comme un homme : Discite justitiam moniti. Charles NODIER | |
Les tapages de M. Verdi ont fatigué et usé les échos. De cet aveuglement étrange, l'Italie ne peut tarder à être punie par la surdité. Que la France se tienne pour avertie : Discite justitiam et non temnere divos. Apprenez à avoir l'oreille juste et à ne pas dédaigner les vrais dieux de la musique. Alphonse KARR | |
Ne voyez-vous donc pas que vos exécution publiques se font en tapinois ? Ne voyez-vous donc pas que vous vous cachez ? Que vous avez peur et honte de votre oeuvre ? Que vous balbutiez ridiculement votre discite justitiam moniti ? Qu'au fond, vous êtes ébranlés, interdits, inquiets, peu certains d'avoir raison, gagnés par le doute général, coupant des têtes par routine, sans trop savoir ce que vous faites ? Victor HUGO Sur la peine de mort |
DISJECTI MEMBRA POETAE |
Les membres dispersés du poète. | |
Il ne suffit pas, dit Horace (liv. I, satire IV, v. 61), de mettre un vers sur ses pieds pour mériter le nom de poète. « Prenez les vers de mes satires, ou ceux du vieux Lucilius, déplacez les mots, ôtez le rythme et la mesure, et vous trouverez de la prose toute pure, sermo merus, et vous ne reconnaîtrez pas les membres dispersés du poète, disjecti membra poetae. » | |
Les parties d'un édifice gothique cachées par les masures sont ordinairement fort laides ; les parties dentelées, ouvragées, composées réellement avec harmonie, membres séparés d'une pensée d'art, disjecti membra poetae, demeurent au contraire exposées à l'admiration du public. André DELRIEU | |
Tel hémistiche, tel vers, telle période de M. Lemercier, ne seraient pas désavoués par les grands maîtres. C'est quelquefois Rabelais, Aristophane, Lucien, Milton, disjecti membra poetae, à travers le fatras d'un parodiste de Chapelain. Ouvrez le livre, vous avez retrouvé l'auteur d'Agamemnon, et l'on peut se contenter à moins ; une page de plus, et vous aurez beau le chercher, vous serez réduit à dire comme le bon abbé Chaulieu : C'est quelqu'un de l'Académie. Charles NODIER Mélanges | |
La plupart des femmes, en rentrant du bal, jettent autour d'elles leurs robes, leurs fleurs fanées, leurs bouquets, dont l'odeur s'est flétrie. Alors plus de mystère, tout tombe ; les doubles épingles, les doubles crochets, les bouffants de baleine, les entournures garnies de taffetas gommé, les chiffons menteurs, les faux cheveux vendus par le coiffeur; toute la fausse femme est là éparse : disjecti membra poetae. La poésie artificielle tant admirée par ceux pour qui elle avait été conçue, élaborée, embarrasse tous les coins. BALZAC | |
Mais le pastiche, au contraire, au lieu de saisir le foyer, rassemble des rayons partiels ; au lieu de chercher à pénétrer à travers la forme dans la grande âme de Titien ou de Rubens, il prend çà et là des figures, des torses, des draperies et des muscles, triste dépouille ! Ce n'est plus l'homme, ce sont les membres de l'homme : disjecti membra poetae. Alfred DE MUSSET Le Salon |
DISTINGUO |
Je distingue. | |
Ce mot est le pendant de concedo et de nego, et fait partie de l'arsenal de la scolastique. On avait parlé à un évêque d'un jeune diacre qui abusait du distinguo et trouvait moyen de l'introduire partout. L'évêque se fit fort de lui poser une question de telle nature que distinguo n'eût aucun prétexte à se montrer dans la réponse : « Monsieur l'abbé, lui dit-il, peut-on baptiser avec du bouillon ? - Distinguo, monseigneur ! Si c'est avec celui de Votre Grandeur, non ; mais si c'est avec celui du séminaire, oui. » | |
Comment se fait-il que vous ayez mis une semaine à faire un voyage qu'un bon marcheur comme vous pourrait faire en quelques heures ? - Distinguo, répondit le bachelier ; cela dépend du chemin que l'on choisit ; pour moi, j''ai pris celui que nous nommions à Montpellier via scholae (chemin des écoliers), c'est-à-dire le plus long. Walter SCOTT |
DIVIDE ET IMPERA |
Diviser pour régner. | |
Telle fut la politique du sénat de Rome ; et Montesquieu, Bossuet et Polybe s'accordent à dire que ce principe contribua beaucoup à donner le monde à un petit peuple de l'Italie. Ce serait donc une erreur de dire que Machiavel a inventé cette maxime ; il n'a fait qu'étudier l'histoire de la conquête romaine et en a tiré le précepte « divide et impera », précepte qui a été depuis bien souvent mis en pratique. Personne n'en fit usage plus fréquemment que Louis XI, pour abattre les grands vassaux ; que Catherine de Médicis, pour conquérir et conserver le pouvoir. Dans des temps plus rapprochés de nous, l'Angleterre a été souvent accusée de trop bien connaître la maxime de Machiavel. | |
Divide et impera, divise et tu régneras ; divise, et tu deviendras riche ; divise, et tu tromperas les hommes, et tu éblouiras leur raison, et tu te moqueras de la justice. PROUDHON | |
L'ancien adage : Fomente les divisions pour régner, divide ut regnes est affreux. Il faut régner pour éteindre les divisions. Gatien ARNOULT Doctrine philosophique | |
On voit, ces jours-là, sur la place Sigismond III (à Varsovie), une multitude de paysans qui attendent qu'on reçoive leur placet et qu'on leur donne audience. Se donnant ainsi l'air de les protéger contre l'oppression des nobles, le czar parvient à les irriter contre l'aristocratie nationale, et se ménage une diversion puissante contre tous les projets de soulèvement qui ne peuvent se réaliser sans l'héroïque secours des laboureurs opprimés : Divide ut regnes. Revue de Paris |
DIXI |
J'ai dit. | |
Mot qui terminait autrefois une argumentation philosophique. Molière n'a pas manqué de clore par ce mot le double galimatias des deux médecins qui traitent M. de Pourceaugnac. | |
En parts égales divisons-le, et que chacun le dépense à sa fantaisie, à la plus grande gloire de l'Université. Dixi. Bibl. JACOB | |
En foi de quoi, messieurs les jurés, livrez-moi lestement cette scélérate au bourreau et vous ferez acte de citoyens vertueux, indépendants, fermes, éclairés. Dixi. E. SUE Mystères de Paris | |
Par reconnaissance, je lui proposai de s'évader avec moi. Thomaso refusa, me dit qu'il était sûr de son affaire, que l'avocat Barricini l'avait recommandé à tous les juges, qu'il sortirait de là blanc comme neige et avec de l'argent dans sa poche. Quant à moi, je crus devoir prendre l'air. Dixi. Prosper MÉRIMÉE |
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