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[NA->NER]
NATURAM EXPELLES FURCA, TAMEN USQUE RECURRET |
Chassez le naturel à coups de fourche, il reviendra toujours (HORACE, liv. I, épitre X, v. 24). | |
Destouches a rendu la même pensée dans un vers qui est souvent et à tort attribué à Boileau : Chassez le naturel, il revient au galop. Voici les vers de Boileau : La Fontaine a imité deux fois le vers d'Horace : | |
Il est vrai que puisque la tragédie est représentée et vue par des hommes et par des femmes, il faut absolument de l'amour. On peut s'en sauver tristement une ou deux fois, mais naturam expelles furca, tamen usque recurret. Que diront de jeunes actrices, qu'entendront de jeunes femmes s'il n'est pas question d'amour ? VOLTAIRE Lettre à M. le marquis d'Argenson |
NEC DEUS INTERSIT, NISI DIGNUS VINDICE NODUS |
Si vous faites intervenir un dieu, que le drame soit digne qu'un dieu le dénoue (HORACE, Art poétique, vers 191). | |
Notre esprit n'aime que ce qui est complet et achevé. L'intrigue la mieux conduite, les situations les plus touchantes ou les plus comiques, le dialogue le plus énergique ou le plus ingénieux, le spectateur oublie tout si le dénouement n'obtient pas son suffrage. C'est pour cela qu'Horace recommande aux auteurs tragiques d'éviter une intervention smaturelle ou ce qu'on appelle le deus ex machina (Voir cette expression), dénouement postiche que ce poète relève et condamne en disant : Nec deus intersit, nisi dignus vindice nodus (Si vous faites intervenir un Dieu, que le drame soit digne qu'un Dieu le dénoue). C'est-à-dire que la grandeur du sujet justifie cette intervention. | |
Tout à coup la porte s'ouvre à deux battants. Un homme entre chez le roi la tête haute. Quel est cet homme ? C'est l'empereur Charles-Quint lui-même. Il a quitté son humble cellule pour venir au secours de son bâtard : Nec deus intersit, nisi dignus vindice nodus. J. JANIN Critique du Don Juan de Casimir Delavigne | |
Pour fonder la réforme, pour briser les entraves qui enveloppaient l'humanité dans le système romain, il fallait une main plus puissante que celle d'Horace. Fallait-il un Dieu ? C'était une loi du drame chez les Anciens : un Dieu paraissait toujours pour dénouer une intrigue compliquée. Est-ce donc aussi une loi du drame que joue l'humanité dans l'histoire ? Nec Deus intersit, nisi dignus vindice nodus. Tel était pourtant le besoin de réforme morale qui tourmentait le monde païen, que, déjà bien avant la naissance du Christ, les esprits semblent s'ouvrir d'eux-mêmes aux croyances et aux préceptes de la religion future. CUVILLIER-FLEURY | |
Dans le Philoctète de Sophocle, on voit avec plaisir que le héros, jusqu'alors inflexible, ne cède qu'à la voix d'un demi-dieu, et d'un demi-dieu son ami. C'est bien ici qu'on peut appliquer le précepte d'Horace, qui peut-être même pensait à cette tragédie, quand il a dit : Nec Deus intersit, nisi dignus vindice nodus. LA HARPE Cours de littérature |
NEC MORTALE SONANS |
Dont la voix n'a pas l'accent des mortels. | |
Virgile (Énéide, liv. VI, v. 50) exprime ainsi l'effet de l'enthousiasme qui saisit la Sibylle au moment où elle est animée de l'esprit prophétique. Les poètes donnent aux divinités non seulement une démarche, mais une voix particulière. C'est ainsi que, dans le cinquième livre de l'Énéide, le son de voix de la fausse Béroé fait reconnaître la céleste messagère de Junon. | |
A la tribune, dans la polémique politique, dans la littérature proprement dite, aucune voix, excepté celle de M. de Chateaubriand, n'a au même degré que la sienne cet accent d'autorité, cette sonorité surhumaine, ce nec mortale sonans, qui révèle l'inspiration d'en haut. Revue de Paris |
NEC PLURIBUS IMPAR |
Non inférieur à plus - que le soleil - | |
Louis XIV s'était choisi pour emblème un soleil dardant ses rayons sur le globe, avec ou mots : Nec pluribus impar. On ne voit pas bien clairement ce que signifie cette devise. Louvois l'explique ainsi : Seul contre tous, mais Louis XIV, dans ses Mémoires, lui donne un autre sens : Je suffirai à éclairer encore d'autres mondes. Le véritable sens est probablement celui-ci : Au-dessus de tous (comme le soleil). C'est du moins la signification de nec pluribus impar dans les phrases suivantes. | |
Si la perte de Fouquet n'eût pas déjà été arrêtée dans l'esprit de Louis XIV, elle l'eût été à Vaux. Celui qui avait pris pour devise : Nec pluribus impar, ne pouvait souffrir qu'un homme obscur par son nom, resplendît par son faste. Comme il n'y a qu'un soleil au ciel, il ne pouvait y avoir qu'un roi de France. A. DUMAS | |
Voilà les quatre époques que je vais suivre avant d'arriver au règne de Louis XIV, où la royauté plane sur tous les ministres, où Colbert lui-même ne brille qu'à travers les feux du nec pluribus impar. CAPEFIGUE | |
De l'autre côté ; la ville de San Francisco s'est déroulée plus au loin sur la colline qui domine une gigantesque baie, de laquelle on peut dire à juste titre : Nec pluribus impar, car elle n'a pas sa pareille dans le monde entier. Dictionnaire de la Conversation |
NEC PLUS ULTRA |
Plus rien au delà. | |
Inscription gravée, selon la Fable, par Hercule, sur les monts Calpé et Abyla, qu'il sépara pour joindre l'Océan à la Méditerranée. C'était là pour lui les limites du monde et le terme de ses gigantesques travaux : nul mortel ne pouvait aller au delà. | |
La déification de l'homme par l'homme est le nec plus ultra des extravagances de l'esprit humain. TOUSSENEL | |
Le Tartufe est le pas le plus étonnant et le plus hardi qu'ait jamais fait l'art de la comédie ; cette pièce en est le nec plus ultra ; en aucun temps, dans aucun pays, il n'a été aussi loin. Il ne fallait rien moins que le Tartufe pour l'emporter sur le Misanthrope. LA HARPE Cours de littérature | |
Le siècle des Césars était corrompu dans ses moeurs et, par suite, il l'était dans ses pensées. Par la perversion des moeurs, il arrivait à cette abdication de tous les sentiments désintéressés qui est aujourd'hui, aux yeux de certains hommes, le nec plus ultra de la perfectibilité humaine. Comte de CHAMPAGNY | |
Michel-Ange, dans son Moïse et ses quatre figures de la chapelle des Médicis, et Puget, dans son Milon de Crotone, ont seuls peut-être, depuis les Grecs, trouvé le nec plus ultra du dramatique en sculpture. Revue de Paris | |
En vérité, il y avait plaisir pour moi à ressusciter ou rajeunir, par l'encens de ma candidature, toutes ces gloires mortes ou mourantes de notre sénat académique, de parler à l'un de sa dernière tragédie, à l'autre de sa dernière comédie, à celui-ci de son dernier sermon, à celui-là de son dernier poème, comme du nec plus ultra du pathétique, du comique ou de l'éloquence. Revue de Paris | |
Le voyage du pape et le couronnement sont dans ce moment le sujet de toutes les conversations. Tout est miraculeusement mauvais dans la Révolution française, mais, pour le coup, c'est le nec plus ultra. Joseph DE MAISTRE |
NEQUE SEMPER ARCUM TENDIT APOLLO |
L'arc d'Apollon n'est pas toujours tendu (HORACE, liv. II, ode VII, v. 19). | |
C'est l'ode dans laquelle le poète chante les avantages de la médiocrité ; il termine ainsi : « C'est Jupiter qui nous envoie les hivers rigoureux ; mais c'est lui aussi qui nous en délivre. Parce que nous sommes malheureux aujourd'hui, nous ne devons pas craindre de l'être toujours. Parfois Apollon encourage à chanter la muse qui s'endort, il ne dirige pas sans cesse ses traits contre les mortels. » Dans l'application qu'on a faite de ce vers d'Horace, le sens général du passage a disparu devant le sens particulier du vers, et il faut l'entendre ainsi : L'arc d'Apollon n'est pas toujours tendu, c'est-à-dire, Apollon lui-même se repose, donc le repos est nécessaire. On sait que cette même idée d'un arc, qui ne peut être toujours tendu, a fourni une ingénieuse réponse à Ésope, surpris à jouer avec des enfants. | |
- Et je vous prie, monsieur Sampson, ces trois heures sont-elles entièrement consacrées à l'étude ? - Non, sans doute ; nous l'entremêlons de quelque conversation : Neque semper arcum tendit Apollo. Walter SCOTT Guy Mannering |
NE QUID NIMIS |
Rien de trop. | |
Sentence proverbiale, qui se retrouve dans Horace et dans Térence, et que les Latins avaient empruntée aux Grecs. C'est le même sens que l'excès en tout est un défaut. | |
Vous, Épicure, vous avez du bon et même beaucoup de bon. Oui, l'homme est un être sensible ; il a des sentiments, des passions, c'est sa nature. Il faut donc qu'il les satisfasse dans une certaine mesure pour vivre conformément à sa nature ; vous avez raison en cela, mais ne forcez rien, ne quid nimis. BAUTAIN | |
Le rationalisme produit une morale très répandue de nos jours, c'est la morale de l'intérêt bien entendu, dont la maxime, aujourd'hui fort usitée, est celle-ci : Ne quid nimis, rien de trop, ou, pour l'appeler par son nom bien connu ; c'est la doctrine du juste milieu. BAUTAIN | |
Quand donc les poètes se souviendront-ils du ne quid nimis du plus charmant des poètes, et de tout ce qu'on perd en voulant appuyer trop fort sur ce je ne sais quoi de léger, de court, d'aérien, qui est le charme, qui est le succès, qui est la poésie ? DE PONTMARTIN | |
Ce n'aura pas été une des moindres singularités littéraires de notre siècle que plusieurs de ses écrivains aient péri ou faibli par l'improvisation, et que le plus grand de tous, Chateaubriand, ait gâté son plus important ouvrage, les Mémoires d'outre-tombe, par l'excès contraire, tant il est vrai que le ne quid nimis d'Horace, le maître des maîtres, est encore la meilleure devise des littératures. DE PONTMARTIN Causeries littéraires |
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