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VIR BONUS, DICENDI PERITUS |
Un homme de bien qui sait parler (QUINTILIEN, Institutions oratoires). | |
La première qualité de l'orateur, c'est la probité. Les Anciens ont défini l'orateur un homme de bien qui sait parler. Pour être digne de persuader, il doit être incorruptible. Dans tout ce que dit un homme véritablement éloquent, on reconnaît la double autorité du talent et de la vertu. On ne peut s'empêcher d'aimer et d'estimer un tel caractère.
« De même, dit La Bruyère, dans le genre évangélique, il y a des hommes saints et dont le seul caractère est efficace pour la persuasion ; ils paraissent, et tout un peuple qui doit les écouter est déjà ému et comme persuadé par leur présence ; le discours qu'ils vont prononcer fera le reste. » | |
Si la liberté d'action, si les droits de l'avocat sont presque sans limite, il a des devoirs nombreux, importants à remplir ; sur sa tête et sur son coeur pèse une immense responsabilité ! Sous ce rapport, Caton et Cicéron le définissent d'un seul mot : Vir bonus, dicendi peritus, l'homme énergique, probe, d'une éloquence persuasive. LEPELLETIER | |
Ainsi doivent agir ceux qui prennent au sérieux l'art de la parole, ainsi doit se préparer l'orateur honnête, consciencieux, vir bonus, dicendi peritus, qui veut consacrer son noble talent à la justice, à la vérité, au bien, et non le prostituer au service des passions et des partis. BAUTAIN | |
Chez les Anciens, l'éloquence est moins une vocation de la nature que la profession la plus honorable et la plus digne d'un citoyen. Voilà pourquoi le vir probus devient, à des conditions ainsi faites, la première condition de succès. J. JANIN | |
L'éloquence politique éclate pour la première fois en France dans cette bouche (Michel de l'Hôpital) vénérable ; éloquence pleine d'un parfum de probité, et qui justifie complètement l'ancienne définition de l'orateur : Vir bonus, dicendi peritus. DEMOGEOT |
VIRES ACQUIRIT EUNDO |
Elle acquiert des forces dans sa course. | |
Virgile (Énéide, liv. IV, v. 175) fait le portrait de la Renommée : « Sa vie est dans sa mobilité ; elle acquiert des forces dans sa course : d'abord faible et timide, bientôt s'élevant dans les airs, son pied touche la terre et son front se cache dans la nue. »
De la renommée à la calomnie, il n'y a qu'un pas, et Beaumarchais s'est sans doute souvenu du vires acquirit eundo, dans ce passage célèbre du Barbier de Séville : « La calomnie, monsieur ?... D'abord un bruit léger, rasant le sol de la terre, comme l'hirondelle avant l'orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné ; telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l'oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil. Elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. » Quand Pierre le Grand vint à Paris, il visita l'hôtel des Monnaies ; on frappa en sa présence une médaille dont la légende était une allusion au résultat fécond de ses voyages : Vires acquirit eundo. | |
Ce n'était plus un mot ni une phrase qu'on me reprochait, mais tout un long discours, mais toute une série de leçons, mais... mais... mais... On allait presque jusqu'à me reprocher mon enseignement, tant est vrai le vires acquirit eundo. Gatien ARNOULT Doctrine philosophique | |
Un principe, c'est une force qui marche comme un conquérant : Vires acquirit eundo. Une fois qu'une idée est déposée dans l'âme humaine, elle germe, elle se développe, elle s'accroît chaque jour, et finit par s'élever jusqu'aux cieux. Pierre LEROUX | |
C'est avec plaisir que l'on voit I'histoire devenir progressivement plus ample, plus circonstanciée, s'enrichir de détails et prendre de l'intérêt à mesure qu'elle s'approche de nous : Vires acquirit eundo. KELLER | |
Quiconque lira les Questions de mon temps, fera cette remarque que M. de Girardin n'a pas été un enfant gâté de la nature ; ce n'est pas le don inné, c'est le travail qui l'a fait ce qu'il est. Ses premières pages portent les traces de tâtonnements et d'hésitations, qui disparaissent de plus en plus à mesure qu'on avance dans la lecture de son oeuvre. Son style, faible d'abord, prend de la vigueur en marchant : Vires acquirit eundo. Edmond TEXIER |
VIRTUS POST NUMMOS ! |
La vertu après l'argent ! (HORACE, liv. I, ep. I, vers. 55) | |
O cives, cives, quaerenda pecunia primum est ; Virtus post summos ! (Citoyens, citoyens, il faut gagner de l'argent d'abord ; la vertu ne vient qu'après l'argent !) Le conseil ironique d'Horace a été traduit par Boileau : | |
Quand l'amour effréné des richesses s'empare de tous les esprits, quand on ne vit, qu'on ne respire que pour en acquérir et pour se procurer les jouissances qu'elles donnent ; quand une nation mérite le reproche que le poète de l'ancienne Rome faisait à ses contemporains de mettre la vertu après l'argent, virtus post nummos, alors que devirennent la bonne foi, l'honneur, la noblesse des pensées et des sentiments ? FRAYSSINOUS | |
Des êtres dépourvus de sentiment et de moeurs ne craignent pas de se déshonorer chez les nations où l'argent fait tout pardonner, jusqu'à la violation de la tendresse paternelle et de la piété filiale. Virtus post nummos est la devise des pays où le luxe s'est établi sur la ruine des moeurs. D'HOLBACH | |
L'avocat qui exerce, qui possède du talent et de l`instruction, est l'humble serviteur de l'avoué : c'est le caractère de la féodalité financière : Virtus post nummos. TOUSSENE |
VIS COMICA |
La force comique. | |
La comédie a pour fondement le ridicule ; l'art de le découvrir, de le rendre sensible à tous les yeux dans une fable ingénieusement inventée, savamment conduite, où il ressorte à chaque scène, et, s'il est possible, à chaque mot des personnages, constitue le vis comica, le pouvoir de faire rire, c'est-à-dire la première et la plus essentielle qualité du poète comique. | |
Le comique, ce que les Latins appellent vis comica, est le ridicule vrai, mais chargé plus ou moins, selon que le comique est plus ou moins délicat. Il y a un point exquis en deçà duquel on ne rit point et au delà duquel on ne rit plus, du moins les honnêtes gens. L'abbé SABATIER DE CASTRES | |
Il s'abîma dans les joies de son triomphe ; il venait de jouer un homme supérieur ; il venait, non pas de lui arracher son masque, mais de lui en voir dénouer les cordons, et il riait comme un auteur à sa pièce, c'est-à-dire avec le sentiment de la valeur immense de ce vis comica. BALZAC | |
Si, nous autres Français, nous avons de la peine à sentir le vis comica de Falstaff, tandis que nous comprenons la douleur de Desdémone, c'est que les peuples ont différentes manières de rire, et qu'ils n'en ont qu'une de pleurer. CHATEAUBRIAND |
VITAM IMPENDERE VERO |
Donner sa vie à la vérité (JUVÉNAL, satire IV, v. 91). | |
Ces mots avaient été pris pour devise par J.-J. Rousseau et servirent d'épigraphe à plusieurs journaux de la Révolution, même à celui de Marat. | |
La stoïque devise que les libres penseurs ont popularisée, c'est justement le fait de l'émigration protestante, bravant la mort et les galères, pour rester digne et véridique : Vitam impendere vero, la vie même pour la vérité. MICHELET | |
Un homme ose-t-il écrire au-dessous de son propre potrait : Vitam impendere vero, gagez, sans information, que c'est le portrait d'un menteur ; et lui-même vous l'avouera un jour qu'il lui prendra fantaisie de dire la vérité. Joseph DE MAISTRE | |
C'est l'amour désintéressé de la justice qui fait les grands hommes, les grands citoyens, ces hommes magnanimes, capables de sacrifier, quoi qu'il en coûte, leur temps et leurs forces, leur vie même à la recherche, à la manifestation de la vérité, à la réalisation de la justice, vitam impendere vero, au bonheur de leurs concitoyens, à la gloire et au salut de leur patrie. BAUTAIN | |
A vrai dire, je ne suis pas un auteur, je suis un croyant. Dieu m'a fait la grâce de prendre au sérieux la devise de Jean-Jacques : Vitam impendere vero. J'ai écrit à mesure que la vérité m'a été connue, n'ayant d'ailleurs d'autre art que la vérité même. Pierre LEROUX |
VIVIT SUB PECTORE VULNUS |
La blessure vit toujours au fond du coeur. | |
Vlrgile (Énéide, liv. IV, v. 67) emploie pour peindre la passion naissante de Didon cette image qui a déjà servi, au premier livre, à exprimer le ressentiment de Junon, blessée par le jugement de Pâris : Aeternum servans sub pectore vulnus, gardant au fond du coeur son éternelle blessure. | |
Le ressentiment et la reconnaissance sont, pour me servir d'une expression célèbre, la mémoire du coeur. Plus l'injure à été sentie vivement, plus elle laissera de traces dans l'âme, plus le ressentiment sera profond : Vivit sub pectore vulnus. BAUTAIN Philosophie morale |
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