Lettre "H"
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HODIE MIHI, CRAS TIBI
Aujourd'hui moi, demain toi.
Locution proverbiale ; une des mille formes sous lesquelles se présente cette idée si commune des vicissitudes humaines, de la mort.
Si je faisais un recueil des erreurs de mes confrères dans la science étymologique, j'y mettrais pour épigraphe l'inseniption qui se lit sur la porte des cimetières : Hodie mihi, cras tibi.
F. GÉNIN
Tous les sermons que j'ai entendus pendant cinq mois, contenaient au moins un développement sur l'imminence de la mort. Toutes les églises devant lesquelles j'ai passé étaient placardées de ces affiches sinistres où l'on voit d'un côté les armoiries de quelque défunt, de l'autre un squelette hideux, avec cette devise : Hodie mihi, cras tibi.
Edmond ABOUT
Rome contemporaine

HOMO HOMINI LUPUS
L'homme est un loup pour l'homme.
Pensée de Plaute, dont la justesse n'est que trop évidente.
Si nous considérons le monde, nous y voyons tout en guerre : les espèces se dévorent, les éléments luttent ensemble ; la société humaine est à bien des égards une lutte continuelle et une guerre. Combien de philosophes ont trouvé que le plus cruel ennemi de l'homme était l'homme : Homo homini lupus !
Pierre LEROUX
La présence d'un homme dans cette chambre le trouble. Pour tout homme, surtout pour tout homme amoureux, un homme inconnu est un animal dangereux, a dit Plaute : Homo ignotus ignoto lupus (l'homme inconnu est un loup pour un autre homme).
A. KARR
Socrate et Jésus vous conseillent de vous traiter en frères, tandis que Hobbes prétend que vous êtes naturellement loups les uns pour les autres : Homo homini lupus.
Pierre LEROUX
Humanité

HOMO SUM, ET HUMANI NIHIL A ME ALIENUM PUTO
Je suis homme, et rien de ce qui touche un homme ne m'est étranger (TÉRENCE, l'Homme qui se punit lui-même, acte I, sc. 1).
La page suivante.de P. Leroux est comme l'historique de ce beau vers :
« Il faut descendre jusque vers le temps où parut Jésus pour trouver chez les anciens quelques accents d'humanité analogues à son Évangile. Hormis un vers de Térence, quelques mots de Cicéron, quelques phrases de Sénèque, l'Antiquité tout entière n'a rien d'où l'on puisse conclure, je ne dis pas la solidarité réciproque du genre humain et l'unité de l'espèce humaine, mais la fraternité des hommes, dans l'acception la plus vulgaire. La première fois que le sentiment de l'humanité collective s'exprima à Rome, ce fut un affranchi, un enfant de Carthage, enlevé à sa famille et nourri par les Romains comme esclave, qui le formula, et cette formule était si nouvelle qu'elle frappa d'étonnement tout le monde. "La première fois, dit saint Augustin, qu'on entendit prononcer à Rome ce beau vers de Térence : Homo sum, et humani nihil a me alienum puto, il s'éleva dans l'amphithéâtre un applaudissement universel ; il ne se trouva pas un seul homme dans une assemblée si nombreuse, composée de Romains et des envoyés de toutes les nations déjà soumises ou alliées à leur empire, qui ne parût sensible à ce cri de la nature." Ce cri était nouveau en effet, et il est remarquable, je le répète, que ce soit un affranchi qui ait fait entendre aux Romains ce cri précurseur de l'Évangile. »

Le vers suivant de Mérope peut être rapproché de celui de Térence : C'est un infortuné que le ciel me présente ; il suffit qu'il soit homme et qu'il soit malheureux.

Homo sum, et humani nihil a me alienum puto : cette belle maxime a été comme un éclair précurseur du christianisme car les anciens n'avaient jamais prononcé de parole aussi large et qui s'appliquât comme celle-là à l'humanité entière.
BAUTAIN
L'idée de l'unité morale du genre humain, conçue par les philosophes grecs, avait passé chez les écrivains et les jurisconsultes latins, leurs disciples. Sénèque, Lucain, Pline, avaient célébré cette idée inaugurée par l'axiome fameux de Térence : Homo sum, nihil humani a me alienum puto. Les jurisconsultes l'appliquaient.
Henri MARTIN
Histoire de France
Les Romains, qui n'avaient qu'un seul et même mot, hostis, pour dire étranger et ennemi, ces Romains, qui riaient au Cirque, pleuraient pourtant, dit-on, comme pouvaient pleurer de pareils hommes, en entendant au théâtre l'acteur s'écrier : Homo sum, et humani nihil a me alienum puto.
Revue de Paris
La conscience antique frémit le jour où un acteur récita sur la scène romaine ces simples mots : Homo sum, humani nihil a me alienum puto. Il est temps, il est juste que les nations disent de même : « Je suis peuple, rien de ce qui arrive aux autres peuples ne m'est étranger. »
A. ESQUIROS
C'est au genre humain qu'il eût fallu faire attention dans I'histoire ; c'est là que chaque écrivain eût dû dire : Homo sum, mais la plupart des historiens ont décrit des batailles.
VOLTAIRE
Il y a entre les hommes une sympathie naturelle qui est le fond de tous les sentiments d'humanité : Homo sum, et humani nihil a me alienum puto.
BAUTAIN
Philosophie morale
Vous vous êtes douté, mon cher confrère, que j'étais affligé des horreurs dont la nouvelle a pénétré dans ma retraite ; vous ne vous êtes pas trompé, je ne saurais m'accoutumer à voir des singes métamorphosés en tigres : Homo sum, cela suffit pour justifier ma douleur.
VOLTAIRE
Lettre à M. de Chabanon

HONOS ALIT ARTES
L'honneur nourrit les arts.
Maxime très belle et très flatteuse pour les arts, Perse a dit : Magister artis, ingenique lurgitor venter (La faim donne du génie et enfante les arts).
Cela peut être vrai pour I'homme fort, mais combien n'en a-t-on pas vu succomber dans la lutte, Malfilatre, Gilbert, Chatterton ! Il faut honorer les arts comme Mécène et Colbert, qui les payaient et qui savaient leur donner l'honneur et l'argent.
Honos alit artes. Autant les arts qui sont proprement de l'esprit ont été peu prisés en Italie, autant ils ont été honorés en France ; et ce qui était un objet d'indifférence chez les uns était chez les autres des premiers intérêts de la société.
LA HARPE

HORRESCO REFERENS
Je frémis en le racontant (VIRGILE, Énéide, liv. II, v. 204).
Exclamation douloureuse d'Énée au moment où, dans son récit des malheurs de Troie, il arrive à la mort de Laocoon dévoré avec ses fils par deux serpents. Ces deux mots font un bel effet : ce qu'on raconte avec effroi produit plus sûrement l'effroi.
Dans Iphigénie, Achille parle ainsi à Agamemnon :
On dit, et, sans horreur, je ne puis le redire,
Qu'aujourd'hui par votre ordre Iphigénie expire
.

Quand Cléry, valet de chambre de Louis XVI, rédigea le journal de la captivité de son maître à la tour du Temple, il prit ces mots pour épigraphe. Jamais l'horresco referens du poète n'avait trouvé une application plus vraie et plus saisissante.

Dans l'usage, ces mots, comme beaucoup d'autres empruntés à la muse antique, ne s'emploient guère que sur le ton de la plaisanterie.

Je renonce pour le travail à toutes ces déceptions passagères qu'on appelle des voluptés. Je lirai s'il le faut les dix volumes de Jacobus Cujatius, dans l'édition d'Annibal Fabroti ; je les lirai, horresco referens, avant de m'occuper d'une femme, et j'en prends à témoin l'ombre de Justinien.
Ch. NODIER
Des cris de joie retentissent dans le camp des ultramontains ; un auxiliaire inattendu leur arrive, et - horresco referens - c'est le Journal des Débats. L'attaque vient de M. Renan, membre de l'Académie des Inscriptions et beIIes-lettres ; il insulte Béranger qu'il traite d'impie, de philistin.
É. de LA BÉDOLLIÈRE

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